i>Télé n’est pas mort(e) !
Bonne ou mauvaise nouvelle, selon que vous serez d’un côté ou de l’autre des Pyrénées de l’information... Ce lundi 16 janvier de l’an de Grâce 2016, voilà-t’y pas qu’on apprend que 50 ex-journalistes de la chaîne d’info désormais discontinue (au revoir les directs et bonjour les rediffs) se mettent en tête de créer un nouveau média ! C’est 15 ans après le développement inexorable de l’info sur le Net que ces journalistes ont compris ce que voulait dire l’indépendance. Il a fallu pour ça qu’ils fassent l’expérience de la dépendance en CDI, avec propagande à la clé. Mais quand ça s’arrête, alors là, on crie au loup !
Leur nouveau média s’appelle Explicite, qui ne diffusera que sur le réseaux sociaux. Dixit Olivier Ravanello et Sonia Chironi sur France Inter ce matin. La rédac de la chaîne de télé gauchiste comportait 120 journalistes et sur ces 120, quasiment 100 sont partis. Un sacré dégraissage de monsieur Bolloré. Une partie des partants a été récupérée par la presse encore vivante, mais à l’agonie (on les retrouvera tous bientôt sur le marché, et peut-être frapper à la porte d’E&R, tout est possible, les choses vont très, très, très vite pendant les accélérations de l’Histoire). Le reste a créé Explicite. Un titre ambigu qui aurait pu être une chanson de Gainsbourg, avec voix traînante sur le « sss ».
Sonia nous promet qu’« on va expliquer, décrypter l’information », ce qui semble être une nouveauté fondamentale dans le métier. Ce genre de déclaration rappelle celle des footballeurs qui passent d’un club à un autre avec des sincérités successives. Mais ne soyons pas jaloux, et souhaitons beaucoup de bonheur à Sonia et Olivier, dont le bébé va bientôt flotter sur cet océan dangereux que sont les réseaux sociaux, et que leur profession critiquait autrefois. Dans une autre vie, dans un autre monde...
Ah, on allait oublier ! Vous savez qu’on est très scrupuleux sur l’info, qu’on note tout, qu’on enregistre tout, et qu’on vérifie tout. Et voici que le nom Ravanello a tinté dans notre mémoire de journalistes augmentés. Ravanello, Ravanello..., mais oui ! C’est celui qui avait dit ça :
Olivier #Ravanello a quitté Itélé, rendons hommage à sa "science politique" grâce à laquelle il garantissait la victoire de #Clinton ! pic.twitter.com/GmWD95TIUx
— Michelotti (@VentMauvais) 11 novembre 2016
Et quand les deux journalistes ont été interrogés sur leur modèle économique et l’arrivée d’un éventuel investisseur, ils ont répondu : « C’est le seul moyen d’être viable. Mais la première chose dont on lui parlera, ce sera une charte. Et s’il ne la signe pas, il ne rentrera pas. C’est nous qui posons les conditions, maintenant ».
Une grosse charte qui servira à protéger une fausse vertu... À peine indépendants, voilà qu’ils essayent déjà de vendre leurs fesses ! Olive et Sonia, vous êtes incorrigibles.
Le froid c’est la faute aux Russes
Les fesses, elles ont intérêt à se protéger, ces jours-ci, car les températures vont chuter. Un léger embarras pour les partisans du réchauffement climatique mais c’est pas grave, ils nous trouveront bien une explication rationnelle à cet accroc dans leur théorie. Ce matin chez Bourdin, sur RMC, la France était carrément under attack. Des températures négatives ! Certes, pour les sans-abri, ce sera dur, on en est conscients. Mais qui a refilé 12 000 places d’hébergement à des clandestins ?
Malgré tout, ça sera moins dur qu’en février 2012, où le thermomètre est descendu allègrement sous les 20 degrés. C’est vrai qu’à l’époque, le thermomètre n’était pas au courant qu’il y avait réchauffement climato-oligarchique, il y a donc prescription. Les employés d’EDF (et RTE, qui en assure le transport) seront soumis, eux et leurs centrales, à rude épreuve. En France, depuis que le libéralisme torpille les services publics, la moindre tombée de neige devient un problème national. La semaine passée, plus de 300 000 foyers ont été privés d’électricité du fait de la tempête hivernale. Comment les Français ont-ils fait pendant l’hiver 1941-1942, avec moins 4 de moyenne ? Et en 1879 dans le parc Montsouris à Paris, quand il a fait -23,9 degrés ? Et pendant les records de 1985 ?
- Carte des records de froid à l’hiver 1985
Au fait, pourquoi le froid c’est la faute aux Russes ? Réponse dans Le Figaro :
La faute à un anticyclone qui fait descendre de l’air froid du nord-est de l’Europe vers la France. Et parce que « les dépressions sont positionnées sur la Méditerranée », complète encore Pascal Hernandez. « Tout ceci induit à partir de mardi la présence d’un vent continental, qui depuis la Russie jusqu’à l’Europe occidentale, souffle, créant cette sensation de grand froid ».
Francis Heaulme, le come-back
Une des régions de France où ça caille le plus, pendant les vagues de froid, c’est l’Est, la Moselle, Metz, tout ça... C’est là où il y a 30 ans, à Montigny-les-Metz précisément, deux enfants étaient retrouvés, le crâne fracassé, sur un talus SNCF. Patrick Dils, un apprenti cuisinier de 16 ans, après être passé aux aveux, avait pris perpète, jusqu’à ce que Francis Heaulme, qui bossait à 400 mètres du lieu du crime, soit incriminé. Entre-temps, en 2014, un troisième homme, Henri Leclaire, mis en accusation par Francis Heaulme, sera suspecté. C’est seulement le 10 janvier 2017 que la cour de cassation le mettra définitivement hors de cause. Henri Leclaire avait dès 1986 avoué le double meurtre, avant même Patrick Dils.
On n’est pas particulièrement anti-justice mais là, 30 ans d’errance judiciaire, ça fait mal. Francis Heaulme, « crédité » de 9 meurtres par ailleurs, sera donc jugé seul. Dils aura fait 15 ans de trou, et même si des enquêteurs sur l’affaire le croient encore coupable (il a désigné au juge les « bonnes » pierres qui ont servi aux meurtres lors de la reconstitution), ou co-coupable, il a été blanchi par la justice en 2002 et indemnisé. Quant à Leclaire, il vit reclus dans un village, n’osant plus sortir... Les parents des victimes, eux, attendent justice depuis très, très longtemps, ce qui allonge leur douleur.
Dans toutes les affaires de tueur en série, la justice française a montré ses inquiétantes limites, que ce soit dans les décisions des juges d’instruction ou dans le « traitement » des familles de victimes. On rappelle qu’avant le début des années 2000, on ne cherchait pas systématiquement à relier les crimes les uns aux autres, on ne cherchait pas de séries. Un crime/un auteur, tel était le principe (et la loi), pas besoin d’aller chercher d’autres crimes pour un criminel confondu.